segunda-feira, 21 de fevereiro de 2011

L´Hortensia

La sonnette tinta doucement. Par le judas minuscule, Marc
crut apercevoir, au bout du couloir sombre, une silhouette
claire plonger dans l’escalier. Il ouvrit la porte, étonné. Sur
l’essuie-pieds, dans un pot dérisoire, au bout d’une tige droite
et raide qui paraissait vraiment très mince pour la soutenir se
tenait une énorme fleur d’hydrangea macrophylla.
Marc avait en horreur ce genre de plante dite
ornementale, appelée plus ordinairement hortensia. En exil de
leur destination première qui est d’égayer de tendres couleurs
les vieux murs, séparés de leurs soeurs pour être ainsi
transplantées dans un pot de brique, elles deviennent factices
et sans attraits.
Il ne se demanda pas longtemps qui venait de poser là,
avant de s’enfuir, la plante bouffonne. Certainement c’était
Hortense, cette folle d’Hortense, signant ainsi sa visite. Depuis
des lustres elle s’entêtait à lui manifester les marques d’un
attachement qui le touchait, certes, mais sans l’atteindre au
fond du coeur (ou de ce qu’on appelle ainsi). Qui se dit libre
d’aimer ou de ne pas aimer ne sait rien de l’amour. Marc
n’était pas libre de son choix.
Il aimait jusqu’au délire depuis plus d’un mois déjà, la
jeune, la gracile, la souple Yamira. Cet amour partagé
plongeait Hortense dans le désespoir sans mettre fim aux
marques cocasses d’une passion, absurde et funeste s’il en fût,
puisque nul ne pouvait y répondre. Marc avait cependant tout
tenté pour en décourager les effets... Mais allez donc
convaincre celle qui aime qu’elle n’est pas aimée!
L’homme referma la porte avec, serrée entre ses bras, la
plante à l’inflorescence stupide et sans odeur. N’aurait-il pas
mieux fait de la jeter par la fenêtre ? Ainsi la pauvre fille qui
guettait, dissimulée dans une encoignure sur le trottoir en
face, à tout jamais se serait persuadée de son indifférence.
Encore une fois un soupçon de pitié l’avait retenu. A moins,
mais il ne voulait se l’avouer, que la fleur, à cet instant
s’éclairant soudain, lui eût paru revêtir une teinte singulière et
pas du tout dénuée d’attirance, tandis qu’elle se balançait au
sommet de la tige qu’ornaient seules deux ou trois larges
feuilles d’un vert artificiel.
De rose et mauve tout à l’heure dans la pénombre du
vestibule, son ombelle aux cent pétales se teintait à présent
de bleu pâle, de ce même bleu qu’avaient les grands yeux
d’Hortense quand elle les levait vers Marc, chargés de tout un
passé de promesses retenues.
« Tu ne crois pas qu’elle a voulu se moquer de toi?» lui
dit Yamira en éclatant de rire devant la fleur aussi saugrenue
que muette. « Comment peut-on avoir si peu de goût!
renchérit-elle. Elle l’a certainement fait exprès.,..
Et, s’emparant du pot que Marc avait posé sur la table de
la salle à manger, elle alla le porter dans la chambre. « Ce
soir, le cadeau de cette mijaurée sera notre témoin... »
pensait-elle avec déjà un petit rire fou au fond d’elle.
Lorsqu’un peu plus tard les deux amants se retrouvèrent
dans la ferveur nue de leurs désirs connivents, ce n’ est pas
l’hortensia posé sur le guéridon, devant leur couche, que Marc
contemplait de ses regards impatients, mais bien le corps
admirable, dans sa tendre jeunesse épanouie, qui chaque soir
causait son émerveillement et entretenait sa vie d’une
espérance illimitée. Pourtant, dans le silence avide des
délicieuses caresses précédant l’accomplissement, il sembla à
Marc qu’une atmosphère inaccoutumée régnait dans la pièce.
Entre deux étreintes où son ardeur lui faisait tout oublier
s’infiltrait peu à peu l’impression gênante d’une présence
invisible, une présence qui les observait. Puis cette impression
devenait plus tenace en se précisant. L’homme avait
maintenant le sentiment que plusieurs regards étaient braqués
dans son dos. En s’efforçant de ne pas interrompre une seule
seconde la montée du plaisir chez son amie qui, elle, ne s’était
aperçue de rien, il se retourna légèrement.
Derrière lui, dans la pénombre, à la place de l’hortensia,
tournait lentement sur elle-même une masse phosphorescente
d’un bleu pâle agitée de tremblements. Au centre de cette
nébuleuse, la corymbe multiflore ressemblait à une boule
d’yeux clairs qui le regardaient frémissant d’une fascinante
fureur. Dans chacune de ses cent prunelles dont l´éclat
augmentait au fur et à mesure que s’accentuait leur giration,
Marc voyait grandir comme pour s’élancer vers lui l’horreur
d’un vertige insensé.
Mais les petites mains de Yamira parcourant ses épaules,
le souffle de Yamira sur sa nuque et les petits baisers de
Yamira voltigeant sur son visage le firent revenir à sa position
première. Comme pour oublier la vision dans son dos, il
agrippa alors avec une vigueur inaccoutumée sa jeune
maîtresse dont les gémissements, sous lui, redoublèrent
tandis que grandissait en eux l’épanouissement du plaisir.
Et ce fut elle qui, soulevée par un dernier spasme, en
ouvrant tout à coup ses immenses yeux noirs, put voir à son
tour dans la pénombre s’achever la métamorphose de la fleur
magique. À la place de l’hortensia tournoyait un peloton
d’étincelles d’où jaillissaient mille éclairs d’acier bleu.
On ne retrouva que le lendemain les corps des amants
soudés l’un à l’autre et déchirés, lacérés de griffes rouges,
comme s’ils avaient été transpercés par mille aiguilles. Sur le
guéridon devant le lit, dans un pot dérisoire, au dessus de
feuilles qui pendaient, sèches et ridées, une fleur d’hortensia
rabougrie et à demi fanée perdait un à un ses derniers pétales,
comme un bouquet de larmes.

A Hortênsia

A campainha tocou suavemente. Pelo minúsculo olho mágico.
Marcos teve a impressão de ver, no fim do corredor escuro,
uma silhueta clara deslizar escada abaixo. Ele abriu a porta,
admirado. Sobre o capacho, num vaso ridículo, na
extremidade de um caule reto e rígido que parecia realmente
muito fino para sustentá-la, erguia-se uma enorme flor de
hydrangea macrophylla.
Marcos detestava esse gênero de planta, considerada
ornamental, chamada mais popularmente de hortênsia.
Exiladas do seu destino primeiro, que é o de alegrar, com
tenras cores, os velhos muros; separadas de suas irmãs para
serem assim transplantadas num vaso de cerâmica, essas
flores se tornam fictícias e sem atrativo.
Ele não demorou muito tempo para saber quem tinha
acabado de colocar ali, antes de fugir, aquela planta ridícula.
Com toda certeza era Hortência, aquela louca da Hortência,
assinalando dessa forma sua visita. Havia lustros que ela se
obstinava em lhe manifestar sinais de um apego que o deixava
comovido, é claro, mas sem que isso o tocasse no fundo do
seu coração ( ou de algo que denominamos assim). Quem se
diz livre para amar ou não amar, nada sabe sobre o amor.
Marcos não estava livre para fazer tal escolha.
Ele amava alucinadamente, já havia mais de um mês, a
jovem, a graciosa, a doce Yamira. Esse amor correspondido
fazia Hortência mergulhar no mais profundo desespero, sem
que ela pudesse dar fim àqueles sinais bobos de uma paixão
absurda e funesta, por assim dizer, já que ninguém podia
corresponder a essa paixão. Marcos tinha, entretanto, tentado
de todas as formas fazê-la desistir dela. Mas tente então
convencer aquela que ama de que ela não é amada!
O homem fechou a porta apertando entre seus braços a
planta sem odor e de ridícula inflorescência. Não teria sido
melhor que ele jogasse a flor pela janela? Assim a pobre moça
que vigiava, escondida numa reentrância na calçada da frente,
ficaria persuadida para sempre de sua indiferença. Uma vez
mais, uma espécie de piedade o contivera. A menos que a flor,
embora ele não quisesse admitir isso, se iluminando de
repente, naquele momento, tivesse lhe parecido se revestir de
uma cor singular e em nada desprovida de atrativo, enquanto
ela se balançava na ponta do caule, ornado somente por duas
ou três largas folhas de um verde artificial.
De rosa e lilás há pouco, na penumbra do vestíbulo,
sua umbela1 de cem pétalas se coloria agora de um azul
pálido, desse mesmo azul que tinham os grandes olhos de
Hortênsia quando ela os levantava para Marcos, carregados de
todo um passado de promessas contidas.
“Você não acha que ela quis se zombar de você?”
Disse-lhe Yamira morrendo de rir diante da flor tão esquisita
quanto muda. “Como se pode ter tão mau gosto! Yamira foi
ainda mais longe”. Hortência certamente fez isso de
propósito...”.
E, pegando o vaso que Marcos tinha colocado sobre a
mesa da copa, Yamira foi colocá-lo no quarto. “Esta noite, o
presente desta presunçosa será nossa testemunha...” pensava
já com um sorrisinho louco dentro de si mesma.
Quando um pouco mais tarde os dois amantes se
encontraram no fervor ardente de seus desejos coniventes,
não era a hortênsia colocada sobre a mesinha de cabeceira,
diante de sua cama, que Marcos contemplava com olhos
impacientes, mas sim o corpo admirável, na sua terna
juventude desabrochada, que cada noite lhe deixava
maravilhado e entretinha sua vida com uma esperança infinita.
Entretanto, no silêncio ávido das deliciosas carícias que
precediam a realização do ato de amor, Marcos teve a
impressão que uma atmosfera incomum reinava no quarto.
Entre dois abraços, em que seu ardor lhe fazia se
esquecer de tudo, infiltrava-se pouco a pouco a impressão
incômoda de uma presença invisível, uma presença que os
observava. Em seguida essa impressão tornava-se cada vez
mais forte, mais precisa. O homem tinha agora o sentimento
de que numerosos olhares estavam apontados para suas
costas. Esforçando-se para não interromper sequer por um só
segundo o crescimento do prazer de sua namorada que, por
sua vez, não tinha percebido nada, ele se voltou docemente.
Atrás dele, na penumbra, no lugar da hortênsia, girava
lentamente sobre si mesma uma massa fosforescente de um
azul fosco, agitada por tremores. No centro dessa nebulosa, o
corimbo2 multiflorado assemelhava-se a uma bola de olhos
claros que o olhavam tremendo num fascinante furor. Em cada
uma de suas cem pupilas cujo brilho aumentava à medida que
se acentuava sua rotação, Marcos via crescer, como se
quisesse atirar-se contra ele, o horror de uma vertigem
insana.
Mas as pequenas mãos de Yamira percorrendo os
ombros dele, o sopro dela sobre sua nuca e seus beijinhos
rodeando seu rosto o fizeram voltar à sua posição inicial.
Como se quisesse esquecer a visão às suas costas, ele se
agarrou então, com um vigor incomum, na sua jovem amante,
cujos gemidos debaixo dele duplicaram, ao passo que
aumentava neles o êxtase do prazer.
E foi então Yamira que, soerguida por um último
espasmo, abrindo de repente seus imensos olhos negros, pôde
ver, por sua vez, na penumbra, perfazer-se a metamorfose da
flor mágica. No lugar da hortênsia girava uma bola de faíscas
de onde brotavam mil raios de azul incandescente.
Somente no dia seguinte, foram encontrados os corpos
dos amantes unidos um ao outro e despedaçados, dilacerados
por unhadas vermelhas, como se tivessem sido perfurados por
mil agulhas. Sobre a mesinha de cabeceira, diante da cama,
num vaso ridículo, sobre folhas que pendiam, secas e
enrugadas, uma flor de hortênsia ressecada e quase murcha
perdia, uma a uma, suas últimas pétalas, como um buquê de
lágrimas.




1 Umbela: inflorescência em forma de guarda-chuva.

2 Corimbo: tipo de inflorescência simples na qual todas a hastes florais saem de um mesmo plano.





A Hontênsia” foi retirado da revista
Europe/La Nouvelle Française Contemporaine de 1981.



Marcel Béalu nasceu em 30/10/1908 na França e
começou a escrever sob a influência de Max Jacob, um dos
representantes do Simbolismo e do Surrealismo francês.